Dans le cadre de sa création d’entreprise, l’entrepreneur est confronté à plusieurs choix, dont celui relatif au régime d’imposition fiscale des bénéfices : IR ou IS (impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés) ?
Comme nous le verrons, le choix entre l’IR et l’IS est corrélé au choix du statut juridique, chacun possédant un régime fiscal de base et des facultés d’option qui leur sont propres. Le prévisionnel et l’appuis d’un professionnel sont nécessaires pour choisir efficacement.
Les options possibles : l’IR (impôt sur le revenu) et l’IS (impôt sur les sociétés)
Il existe deux modes d’imposition des bénéfices possibles pour une entreprise : l’IR ou l’IS. Lors de la création de son entreprise, l’entrepreneur doit choisir entre l’un de ces deux régimes d’imposition (à condition toutefois que le statut retenu lui laisse le choix).
L’imposition à l’IR se traduit par une imposition directe des bénéfices au nom de l’entrepreneur ou au nom de chaque associé en cas d’exercice en société.
A contrario, le choix de l’IS fait supporter l’imposition des bénéfices sur l’entreprise directement. L’entrepreneur ou les associés sont quant à eux imposés personnellement sur les rémunérations et les dividendes qu’ils perçoivent.
Choix du régime fiscal : l’IR (impôt sur le revenu)
Lorsque l’entreprise est soumise à l’impôt sur le revenu, l’imposition s’applique directement au niveau de l’entrepreneur et/ou des associés. L’entreprise ne subit aucune imposition fiscale. Les bénéfices réalisés par l’intermédiaire de l’entreprise sont imposés dans la catégorie dont relève l’activité exercée : BIC, BNC ou bénéfices agricoles.
Le choix de l’imposition à l’IR permet, pour les activités réduites, de profiter des régimes d’imposition ultra-simplifiés : micro-BIC, micro-BNC ou statut auto-entrepreneur.
Voici les statuts juridiques qui sont par défaut soumis à l’IR :
- les entreprises individuelles,
- les EIRL,
- les EURL avec un associé unique personne physique,
- les SNC,
- les sociétés civiles (sauf exceptions).
Ensuite, les statuts juridiques suivants peuvent, sur option, être soumis à l’IR :
- les SARL de famille, sans limitation de durée,
- les SARL, les SAS et les SA pour une durée de 5 exercices maximum.
Choix du régime fiscal : l’IS (impôt sur les sociétés)
Lorsque l’entreprise est soumise à l’IS, l’imposition des bénéfices est appliquée directement au nom de l’entreprise. L’IS est calculé au taux normal (voir ICI) mais un taux réduit de 15 % sur les 42 500 premiers euros de bénéfices est possible sous conditions. Dans cette configuration, l’entrepreneur ou les associés ne sont imposables personnellement à l’IR que sur les rémunérations et les dividendes qu’ils perçoivent.
Nous présentons en détail le fonctionnement de l’IS dans cet article : l’impôt sur les sociétés
Voici les statuts juridiques qui sont par défaut soumis à l’IS :
- les EURL avec un associé unique personne morale,
- les SARL,
- les SAS,
- les SASU,
- les SA,
- les SCA.
Ensuite, les statuts juridiques suivants peuvent, sur option, être soumis à l’IS :
- les EURL avec un associé unique personne physique,
- les EIRL,
- les SNC,
- les sociétés civiles,
- Et les entreprises individuelles (depuis le 15 mai 2022).
IR ou IS ? Nos conseils pour choisir votre régime fiscal
Tout d’abord, il est important de rappeler que le prévisionnel financier prend toute son importance dans le choix entre l’IR et l’IS, et qu’il est conseillé de se faire accompagner par un professionnel au sujet des choix de création.
Le choix entre l’IR et l’IS doit se faire dans le souci d’optimiser la fiscalité de l’entreprise et des fondateurs également. Pour cela, plusieurs paramètres importants doivent être étudiés :
- quelle est la stratégie financière du projet (remontée de dividendes, réinvestissement des bénéfices, versement d’une rémunération, mix entre la rémunération et les dividendes…) ?
- quelle est la situation fiscale du dirigeant ? son taux marginal d’imposition à l’IR est-il plus intéressant que le taux de l’IS avec les hypothèses de résultat prévisionnel ?
Le choix entre l’IR et l’IS impacte également le montage social du projet lorsque l’entrepreneur individuel ou les associés actifs seront affiliés au régime des travailleurs indépendants. En effet, la base de calcul des cotisations sociales dépendra dans ce cas du mode d’imposition des bénéfices :
- à l’IR : sur les bénéfices,
- à l’IS : sur les rémunérations et éventuellement une partie des dividendes.
Pour un choix efficace, l’intérêt fiscal doit être rapproché de l’impact éventuel sur les cotisations sociales.
Dans le cas d’activités non rentables au démarrage (temps de développement, délai de démarrage de l’exploitation…) se traduisant par des pertes ou des résultats faibles lors des premiers exercices, le choix de l’IR peut s’avérer intéressant afin de profiter personnellement des déficits.
Le bénéfice de certains avantages fiscaux pèse également sur le choix du régime fiscal. Par exemple, lorsque l’entreprise bénéficie d’une exonération d’impôt sur les bénéfices pour implantation en ZFU ou du statut de jeune entreprise innovante, le choix de l’IR peut être judicieux. L’entrepreneur ou les associés bénéficient ainsi directement de l’exonération d’impôt.
Pour mieux comparer ces deux régimes d’imposition, nous vous conseillons de consulter ces dossiers : Tableau comparatif IR / IS, avantages et inconvénients de l’IR, avantages et inconvénients de l’IS.
Comment se matérialise le choix de l’IR ou de l’IS ?
Le choix du régime fiscal lors de la création de l’entreprise se matérialise directement sur la déclaration de création de l’entreprise, dans le cadre prévu à cet effet qui s’intitule « options fiscales ».
Il s’agit en l’occurrence :
- pour les SARL, les SELARL et les EURL, du formulaire M0 spécifique aux SARL,
- pour les sociétés par actions, les SNC, du formulaire M0 de création de société et autres personnes morales,
- pour les EIRL, du formulaire P EIRL CMB ou P EIRL PL AC,
- pour les entreprises individuelles, du formulaire P0 CMB, AC0 ou P0 PL (aucun choix possible étant donné que seul l’IR est possible).
Nous vous indiquons comment les compléter dans ces articles : remplir le formulaire M0 et remplir le formulaire P0
Vous pouvez retrouver ces formulaires sur le site Service-public.fr
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Bonjour, je suis en train de créer une SAS (ma femme en associé et moi en associé président) dans le domaine du E-commerce.
Actuellement nous sommes tous les deux salarié et sans enfant. Nous avons déclaré 53k euros l’année dernière. On ne sait pas encore si nous allons nous reverser un salaire ou plutôt des dividendes. Une autre partie sera réinvestie. Pensez vous que l’impôt sur les société est préférable ?
Merci de votre retour. Cordialement.
Bonjour,
Tout d’abord, sachez que si vous souhaitez laisser une partie des bénéfices dans votre société pour les réinvestir, il vaut généralement mieux opter pour l’IS. Autrement, vous serez imposé à l’impôt sur le revenu sur des sommes d’argent que vous n’avez pas perçues (le bénéfice intégral de votre société).
Ensuite, sauf erreur de ma part, vous vous trouvez dans la tranche à 30% au niveau de l’impôt sur le revenu. En fonction de l’importance des bénéfices que va réaliser votre société et de vos besoins financiers, l’arbitrage « rémunération ou dividende » peut peut-être être opportun.
Enfin, dernier point, vos revenus actuels (53K€) vous permettent-ils de bénéficier d’une protection sociale ? Dans la négative, vous devez absolument percevoir une rémunération dans la société (en tant que président et directeur général par exemple).
Bonne journée. Cordialement, Thibaut Clermont.
Bonjour,
Nous venons de créer avec des amis une entreprise (SAS) dont l’activité serai la restauration.
Parmi les associés il y en a qui exercent une autre activité dans le cadre d’un CDI. Il sont donc déjà soumis à l’impôt sur le revenu.
En sachant que notre objectif est de percevoir une partie des bénéfices ainsi que de réinvestir dans la société l’autre partie dans le but de développer l’activité, mes questions sont les suivantes :
Est ce qu’on a bien fait de choisir une SAS?
Quel serai le choix judicieux pour le régime fiscal, IS ou IR?
Merci pour votre aide.
Bonjour,
Pour ce qui est du choix du statut juridique (SAS), je ne dispose pas de suffisamment d’informations pour vous donner un avis.
En revanche, pour le choix du régime fiscal (IR ou IS), l’IS paraît effectivement être la meilleure option, étant donné que vous souhaitez laisser une partie des bénéfices dans la société pour investir. De plus, vous disposez déjà d’une protection sociale au titre de vos emplois salariés. Vous pourrez ainsi percevoir un complément de revenus sous forme de dividendes sans aucun risque.
Comme d’habitude, je vous recommande de faire valider ces éléments importants par un professionnel.
Bonne journée. Cordialement, Thibaut Clermont.
Bonjour! Et merci pour vos articles!
Je souhaite créer société de transport de marchandises de -3,5t. J’aimerais inclure ma femme en tant qu’associée, je voulais savoir quelle serait le statut juridique adéquat, SARL ou SAS? Ou mettre ma femme en tant que salarié et dans ce cas opter plutôt pour une SASU? Ou sinon une SARL familiale?
J’aimerais aussi savoir quelle serait la différence si j’étais associé à 51% et elle 49% vis à vis de l’imposition et de la rémunération?
Merci bcp
Bonjour,
Le choix du régime d’imposition des bénéfices (IR ou IS) dépend de plusieurs paramètres.
Les points les plus importants à prendre en compte sont : votre taux d’imposition à l’impôt sur le revenu (IRPP : 0, 11, 30, 41 ou 45%) ainsi que l’importance des revenus que vous allez prélever.
Si vous êtes faiblement taxé à l’IRPP et que vous envisagez de prendre l’intégralité du bénéfice, il vaut peut être mieux opter pour l’impôt sur le revenu.
A l’inverse, si votre taux d’imposition à l’IRPP est élevée (en l’occurrence, plus de 30%) et que vous comptez laisser une partie des bénéfices pour réinvestir dans la société, l’impôt sur les sociétés peut être plus adapté.
Enfin, sur les modalités de répartition du capital, peu importe. En effet, les parts sociales détenues par votre femme seront prises en compte avec les votre pour déterminer votre statut social de gérant de SARL. Vous serez gérant majoritaire, TNS et affilié à la sécurité sociale des indépendants. Pour la SAS, cela ne change rien également. Vous serez président assimilé salarié.
Bonne journée. Cordialement, Thibaut Clermont.
Bonjour,
Mon mari souhaite ouvrir son entreprise dans l’achat-revente de véhicules d’occasion.
Il hésite entre une SARL (son cousin ayant le même projet), une EURL ou encore le statut micro-entrepreneur.
Sachant que nous vivons en zone franche, quelle entreprise offre le plus de liberté et est plus facile pour un débutant sans trop de charges ? Est-il préférable d´être à l´IS ou IR ?
Merci beaucoup.
Bonjour,
Avant toute chose, voici deux précisions importantes :
1- L’EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) est, en réalité, une SARL à associé unique. Il n’y a donc pas réellement de différences, hormis le nombre d’associés (1 pour l’EURL, au moins 2 pour la SARL) et le régime fiscal (l’EURL est soumise à l’IR de plein droit et la SARL à l’IS sauf SARL de famille) ;
2- La micro-entreprise n’est pas un statut juridique mais un régime fiscal/social simplifié. Différentes formes d’entreprises peuvent opter pour le régime micro-entreprise (l’entreprise individuelle, l’EURL à l’IR dont l’associé unique est également gérant ou l’EIRL).
Comme vous pouvez bénéficier d’un dispositif d’exonération des bénéfices, il est préférable d’opter pour une structure soumise à l’impôt sur le revenu (IR).
Bonne journée. Cordialement, Thibaut Clermont.
Bonjour, je suis à la retraite depuis avril 2019, et souhaite créer une SASU pour travailler en tant qu’agent commercial indépendant dans l’immobilier.
Quel régime fiscal dois-je choisir ?
Merci de votre réponse.
Bonjour,
Percevez-vous vous pension de retraite ?
Le choix de votre régime fiscal va dépendre de votre taux marginal d’imposition à l’impôt sur le revenu (information personnelle). Mais il aura également un impact sur le montant de vos cotisations sociales.
Quoiqu’il en soit, si vous optez pour l’IR en SASU, sachez que le régime ne peut s’appliquer que pour une durée de 5 années maximum.
L’option pour l’IR peut être intéressante si vous êtes faiblement imposé à l’IRPP. Votre taux marginal d’imposition doit être inférieur à 30%. Vous ne paierez pas de cotisations sociales sur le montant du bénéfice mais vous devrez, en théorie, déclarer vos revenus à l’URSSAF afin de vous acquitter de la CSG/CRDS sur les revenus d’activité (9,20%).
Si vous êtes imposé dans les tranches supérieures à 30% au barème de l’IRPP, il peut éventuellement être intéressant de vous rémunérer sous forme de dividendes. Cela suppose donc que vous créiez une SASU à l’IS. Toutefois, les bénéfices supporteront d’abord l’impôt sur les sociétés (15% sur les 38120 premiers euros de bénéfices puis 25%). Puis le montant versé subira la Flat tax (30%).
Bonne journée ! Cordialement, Thibaut CLERMONT
Bonjour, je souhaite créer une entreprise individuelle pour faire comme métier architecte d’intérieur mais je me pose la question sur les différents statuts et quel serait le plus judicieux entre une EURL et une SASU et en régime fiscal IR ou IS?
Est-ce qu’il faut prendre en compte le CA qui ne sera pas forcément élevé au début.
Merci
Bonsoir,
La réponse à votre question nécessite une étude approfondie de votre projet et de votre situation personnelle (fiscale notamment).
Voici un article qui vous aidera à comparer les 3 statuts juridiques que vous avez évoqués :
– EURL ou entreprise individuelle
– SASU ou entreprise individuelle
– EURL ou SASU
Les différences sont multiples. L’entreprise individuelle est simple et peu chère à créer, à faire fonctionner et à fermer. Elle est généralement utilisée dans les projets où le chef d’entreprise est faiblement imposé (moins de 30%) et prélève l’intégralité du bénéfice dans l’entreprise. C’est le statut idéal pour tester. Il ne vous empêchera pas d’évoluer vers un autre statut mais cela nécessite un certain formalisme (apport de fonds de commerce). L’EURL et la SASU sont des sociétés, qui nécessitent l’accomplissement de nombreuses formalités pour être créées (rédaction de statuts, dépôt du capital social, publication d’une annonce légale, etc.). Elles sont plus coûteuses à créer et à faire fonctionner. Dans l’EURL, vous serez gérante majoritaire et paierez vos charges et impôts sur le montant du bénéfice, sauf si la société opte pour l’IS (la société paiera l’impôt sur ses bénéfices et vous paierez l’impôt sur le revenu à raison des salaires que vous avez reçus et des dividendes qui vous ont été distribués – attention : les dividendes seront soumis aux charges sociales TNS). En EURL, il existe des cotisations sociales minimales si vous prenez peu ou pas de rémunération (elles représentent environ 1300 euros). En SASU, vous serez présidente et aurez le statut d’assimilé salarié. Vous pourrez percevoir des rémunérations mais cela nécessitera l’établissement de fiches de paie mensuelles. La SASU est soumise à l’IS et peut opter temporairement pour l’IR (5 ans maximum). Les charges sociales sont calculées sur le salaire brut versé (pas de salaire = pas de cotisations). De façon générale, l’IS permet de mieux piloter les revenus d’activité et d’optimiser votre situation fiscale. Encore faut-il que vous soyez imposée de façon significative…
Bonne lecture ;-) Cordialement,
Bonjour
je possède 2 maisons pour louer l’une construit en 2016 et l’autre en 2018.
Est-ce que je peux créer un SASU pour ses 2 maisons ?
merci pour votre réponse
Bonjour,
En principe, on utilise plutôt une SCI pour ce type d’activité.