L’élaboration du prévisionnel financier est une étape importante dans le cadre d’une création ou d’une reprise d’entreprise. Faire un bon prévisionnel n’est toutefois pas simple. En plus du caractère aléatoire de nombreuses hypothèses (chiffre d’affaires prévisionnel, saisonnalité, frais généraux…), l’entrepreneur oublie parfois de prendre en compte certains éléments pourtant importants.
Dans cette publication, Le Coin des Entrepreneurs attire votre attention au sujet de trois éléments à ne pas oublier pour réussir votre prévisionnel financier :
- L’impact des choix de création d’entreprise sur le prévisionnel financier
- Ne pas oublier d’incorporer vos revenus dans votre prévisionnel financier
- Prévisionnel de reprise d’entreprise : repartir du dernier bilan
L’impact des choix de création d’entreprise sur le prévisionnel financier
Le premier élément important pour réussir un prévisionnel financier consiste à prendre en compte vos choix de création d’entreprise, c’est-à-dire la forme juridique de votre entreprise, le régime d’imposition des bénéfices et votre régime de sécurité sociale.
Si vous ne tenez pas compte de ces choix, votre prévisionnel financier ne sera pas correct. En effet, ces éléments ont une importance majeure dans vos prévisions.
Le lien entre le prévisionnel financier et la forme juridique
La forme juridique de l’entreprise a un impact considérable sur votre prévisionnel financier.
Tout d’abord, les modalités de réalisation des apports ne sont pas les mêmes en entreprise individuelle et en société. Une société a un patrimoine distinct de celui de l’entrepreneur. Des apports sont réalisés au départ en vue de constituer le capital social de la société et il est également possible d’effectuer des apports en compte courant d’associé. Ces notions n’existent pas dans les entreprises individuelles.
Ensuite, la forme juridique choisie pour votre entreprise détermine vos possibilités en matière d’imposition des bénéfices ainsi que votre futur régime de sécurité sociale. Comme nous le verrons ci-dessous, ces deux éléments impactent considérablement le prévisionnel financier.
Le lien entre le prévisionnel financier et le régime fiscal
Votre choix au niveau de l’imposition de vos bénéfices impacte votre prévisionnel financier.
Vous choisissez l’impôt sur les sociétés (IS)
L’imposition doit être calculée et payée au niveau de l’entreprise. L’IS figure dans le compte de résultat, au bilan (dette ou créance) et dans le plan de trésorerie. Ensuite, ce régime fiscal vous donne la possibilité de verser des dividendes.
Vous choisissez l’impôt sur le revenu (IR)
Vous supporterez personnellement l’imposition des bénéfices. L’impôt ne figure donc pas dans le prévisionnel. De plus, vos rémunérations ne sont pas admises en déduction pour le calcul de votre bénéfice professionnel.
Le lien entre le prévisionnel financier et le régime de sécurité sociale
Tout d’abord, votre régime de sécurité sociale détermine les modalités de calcul de vos cotisations sociales. Par rapport à votre salaire net, les cotisations sociales varient du simple au double suivant que vous êtes affilié à la sécurité sociale des indépendants ou au régime général. De plus, les modalités de paiement ne sont pas identiques, ce qui impacte votre plan de trésorerie.
Si vous prévoyez une affiliation à la sécurité sociale des indépendants, le régime fiscal a également un impact sur le calcul de vos cotisations sociales :
- à l’IS, vos cotisations sociales sont calculées sur vos rémunérations et, éventuellement, sur une partie de vos dividendes,
- à l’IR, vos cotisations sociales sont calculées sur votre bénéfice professionnel.
Ne pas oublier d’incorporer vos revenus dans votre prévisionnel financier
Pour que votre prévisionnel financier soit cohérent, vous devez y incorporer vos rémunérations. Ceci est indispensable pour que vous puissiez vous assurer que votre projet est suffisamment rémunérateur : parviendrez-vous à vous octroyer un revenu suffisant par rapport à vos besoins financiers personnels ?
Ensuite, vos cotisations sociales doivent également être prises en compte. Leurs modalités de calcul et de paiement dépendent de votre régime de sécurité sociale. Cet outil vous permet d’effectuer des estimations précises : simulateur de cotisations sociales.
Lorsque votre entreprise est à l’IS, il est possible de prévoir le versement de dividendes en présence de bénéfices distribuables. Si de tels versements sont prévus, ils doivent être incorporés dans votre prévisionnel financier car ils ont un impact sur :
- votre trésorerie prévisionnelle (sortie de trésorerie),
- votre bilan (diminution des capitaux propres et de la trésorerie).
Enfin, en cas d’affiliation à la sécurité sociale des indépendants, la distribution peut également avoir un impact sur le montant de vos cotisations sociales si le montant des dividendes excède 10% du total suivant : capital social + prime d’émission + apports en compte courant d’associé. Dans ce cas, la partie excédentaire est soumise aux cotisations sociales.
Prévisionnel de reprise d’entreprise : repartir du dernier bilan
Lorsque votre projet consiste en une reprise d’entreprise, vous devez reprendre des éléments financiers dans votre prévisionnel. Ces éléments sont intégrés au départ et dépendent du mode de reprise d’entreprise.
Le prévisionnel de rachat d’un fonds de commerce
Si vous rachetez un fonds commercial, vous devez intégrer dans votre prévisionnel l’ensemble des éléments que vous avez racheté. Ces éléments figureront à l’actif de votre bilan prévisionnel.
Ensuite, le chiffre d’affaires et le budget des dépenses sont forcément liés aux éléments figurant dans le dernier compte de résultat. Les changements significatifs doivent être justifiés, notamment par la stratégie présentée dans votre plan de reprise d’entreprise. Par exemple, un changement significatif peut correspondre à une variation du chiffre d’affaires, des frais généraux, des charges de personnel…
Le prévisionnel de rachat d’une société
Lorsque votre projet consiste en l’acquisition des titres d’une société, votre prévisionnel démarre par la reprise du dernier bilan réalisé. Normalement, ce bilan est établi à la date de la vente de la société.
Ensuite, le chiffre d’affaires et le budget des dépenses sont forcément liés aux éléments figurant dans le dernier compte de résultat, comme dans le cadre d’un projet de rachat d’un fonds de commerce.