Le métier de décorateur d’intérieur connaît un essor considérable depuis plusieurs années. Il se distingue du métier d’architecte d’intérieur, qui, pour sa part, dispose des compétences pour modifier le bâti, coordonner les différents corps de métiers et assurer la supervision du chantier. Quoiqu’il en soit, les deux activités ne sont pas réglementés. Il existe toutefois des formations et diplômes qui permettent de maîtriser un socle de compétences fondamentales.
Vous souhaitez devenir architecte d’intérieur indépendant ou ouvrir une entreprise de décoration d’intérieur ? Voici tout ce que vous devez savoir avant de vous lancer :
- Définition du métier d’architecte et de décorateur d’intérieur
- Formations et diplômes conseillés pour exercer
- Principales statistiques du secteur d’activité
- Éléments à prendre en compte dans le business plan
- Choix du statut juridique et formalités de création
- Autres obligations légales à respecter
Les métiers d’architecte et de décorateur d’intérieur en quelques mots
Un architecte d’intérieur créé et aménage des espaces particuliers au sein de cadres bâtis, en fonction des contraintes existantes et des souhaits exprimés par son client.
Son travail tient compte de nombreuses problématiques : techniques (matériaux, espaces…), esthétiques (ambiance, image, lumière) et fonctionnels (volumes…). Également, il s’intéresse au design de produit et/ou de mobilier.
Il prend connaissance des besoins de son client, dessine, établit des plans et coordonne les différents corps de métiers dans la réalisation du projet (maîtrise d’œuvre). Il assure donc la direction du chantier et réceptionne les ouvrages.
L’architecte d’intérieur intervient dans des secteurs divers et variés : habitat particulier traditionnel, hôtellerie, restauration, administration, milieu hospitalier, culturel, éducatif, sportif, etc.
Une confusion est généralement effectuée entre le métier d’architecte d’intérieur et le home staging. Pourtant, il s’agit d’activités fondamentalement différentes. Le home staging s’inscrit essentiellement dans une optique de vente. Il a pour objectif de rendre plus attractif un bien immobilier en le décorant et en le réagençant, généralement à moindre coût.
L’architecte d’intérieur exerce une activité qui ne fait l’objet d’aucune règlementation, contrairement à la profession d’architecte. Le code d’activité délivré par l’INSEE est le 71.11Z : Activité d’architecture. Pour l’activité d’home staging que l’on considère plutôt comme de la décoration d’intérieur, c’est le 74.10Z – Activités spécialisées de design.
Formations/diplômes nécessaires pour devenir architecte d’intérieur indépendant
En principe et contrairement au métier d’architecte, il n’existe pas de barrière à l’entrée pour exercer la profession d’architecte d’intérieur. Cela dit, étant donné la polyvalence exigée pour pratiquer ce métier et les enjeux financiers générés par les projets, il est fortement recommandé de se former et de détenir certaines qualifications. Les responsabilités engagées peuvent, en effet, être lourdes.
Pour ces raisons, un architecte d’intérieur qui dessine des plans et coordonne le réaménagement intérieur a tout intérêt à posséder un diplôme spécifique. Par ailleurs, il doit également se faire reconnaître par le Conseil Français des Architectes d’Intérieur (CFAI). Cet organisme, chargé d’organiser la profession, a signé une convention avec le Ministère de la Culture. Pour en savoir plus : l’architecte d’intérieur CFAI.
Deux moyens existent pour cela :
- Soit obtenir l’un des diplômes reconnus par l’organisme. Si votre diplôme date de moins de 3 ans, vous devez déposer une demande d’inscription comme capacitaire sur titre. Au bout de 3 ans, vous devez déposer un dossier pour demander la reconnaissance de compétence ;
- Soit exercer le métier d’architecte d’intérieur depuis 5 ans au moins et suivre une procédure spéciale prévue par le CFAI (différente de la validation des acquis de l’expérience – VAE). Vous constituerez un dossier et passerez devant un jury pour obtenir la reconnaissance de compétence et votre certificat.
Parmi les diplômes éligibles à la reconnaissance de compétence, on retrouve notamment :
- Niveau licence (bac +3)
- Le diplôme national d’art (DNA) option Design
- Le diplôme national des métiers d’art et du design (DNMADE) mentions Espace
- Niveau master (bac +5)
- Le diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) option Design et mention BAD Design
- Le diplôme supérieur des arts appliqués (DSAA) mention Espace
Statistiques relatives à l’activité d’architecte d’intérieur indépendant
L’INSEE ne tient pas de statistiques dédiées uniquement à l’architecture d’intérieur. Elles sont, en réalité, confondues avec celles d’architecte. Ce qui laisse peu de place à une interprétation pertinente.
Les caisses de retraite et certains organismes de gestion publient occasionnellement des statistiques sur cette profession. Les dernières datent de 2018. Les voici, récapitulées dans un tableau * :
Chiffre d’affaires moyen | Environ 100 000 € |
Revenu net annuel moyen | Plus de 40 000 € |
Part en Île de France | Un peu moins de 50% |
Nombre de travailleurs indépendants | 2 135 |
Il est intéressant de noter que la majorité des architectes d’intérieurs sont concentrés dans la Région Parisienne.
Éléments à prendre en compte dans le business plan d’un architecte d’intérieur
Les recettes d’un architecte d’intérieur comprennent essentiellement le chiffre d’affaires prévisionnel qu’il va facturer directement à ses clients et celui qu’il va recevoir de ses confrères à titre de rétrocession (difficile à estimer dans un business plan). Le montant dépend du tarif horaire de ses prestations. Il n’existe pas de règles à ce sujet. Les honoraires sont librement négociables entre les parties.
Sans surprise, les principaux postes de dépenses que l’on retrouve dans le business plan d’un architecte d’intérieur sont :
- Charges de personnel : salaires nets et charges afférant aux salariés + rémunérations et cotisations du dirigeant
- Loyers immobiliers et charges locatives : loyers payés à un bailleur pour occuper le local d’exploitation
- Primes d’assurance : cotisations versées pour assurer la responsabilité civile et la garantie décennale
Au niveau du matériel, un architecte d’intérieur investit généralement dans du – très bon – matériel informatique et des logiciels de conception de plans et de visuels 3D. Enfin, pour se faire connaître du grand public et présenter ses œuvres, le décorateur/architecte d’intérieur demande généralement la création d’un site Internet.
Statut juridique de l’architecte d’intérieur indépendant et formalités de création
Les statuts juridiques possibles pour un architecte d’intérieur non-salarié
S’il choisit de ne pas exercer son activité en tant que salarié, l’architecte d’intérieur sera considéré comme un « indépendant ». Il travaillera en son nom et pour son compte. Il pourra alors, soit exercer en nom propre (en créant une entreprise individuelle, pouvant opter ou non pour le régime micro-entreprise), soit ouvrir un cabinet et constituer une société.
Le métier d’architecte ou de décorateur d’intérieur ne faisant l’objet d’aucune règlementation, il est possible de l’exercer au sein de n’importe quel type de structure. Ainsi, le professionnel peut opter pour :
- L’entreprise individuelle, l’EIRL, l’EURL ou la SASU s’il exerce seul,
- Ou la SAS, la SARL, la SA, la SCS, la SCA, la SA s’il s’associe avec d’autres personnes.
Le statut juridique choisi est fondamental. Il détermine, en effet, le régime social applicable au dirigeant (régime général ou sécurité sociale des indépendants), le mode d’imposition des bénéfices (impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés), et beaucoup d’autres choses encore (étendue de la responsabilité, fonctionnement de l’entreprise, etc.). Il faut y porter une attention particulière et se faire aider si nécessaire.
Les formalités à accomplir pour créer l’entreprise de décoration d’intérieur
Les formalités légales à accomplir pour constituer et immatriculer l’entreprise dépendent du statut juridique choisi. Les voici, résumées dans un tableau :
Entreprise individuelle | Remplir un formulaire P0 Fournir un justificatif d’identité certifié conforme Informer le conjoint/partenaire des enjeux du projet Justifier de l’adresse de l’entreprise Déposer une demande d’immatriculation |
Société commerciale | Rédiger et signer des statuts constitutifs Publier un avis de création dans un journal d’annonces légales Bloquer les fonds correspondant au capital social Remplir un formulaire M0 Remplir la déclaration des bénéficiaires effectifs Réunir plusieurs justificatifs Établir des attestations (non-condamnation et filiation) Déposer une demande d’immatriculation |
Les autres obligations à respecter pour exercer le métier
Lorsque l’architecte ou le décorateur dispose de locaux dans lesquels il accueille du public, il doit respecter certaines normes. Il s’agit, plus particulièrement, de la réglementation applicable aux Établissements Recevant du Public (ERP) et de normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite et normes anti-incendie.
Enfin, un architecte d’intérieur doit obligatoirement assurer sa responsabilité civile professionnelle (RC PRO). Il doit aussi souscrire des contrats d’assurance pour la responsabilité décennale et de la garantie de parfait achèvement. Le décorateur d’intérieur qui ne touche pas aux ouvrages ne doit pas souscrire ces 2 derniers contrats.